La reconversion dans l’air du temps

Attention spoiler alert : le confinement a eu un impact énorme sur le monde du travail (fou, non ?). Bon plus sérieusement, les chiffres ne mentent pas ! Pour près de 30% de français salariés, le Covid-19 a fait office d’électrochoc et de prise de conscience… Et si leur travail était en réalité un job Bullshit ? Une question choc qui en pousse plus d’un à envisager très sérieusement une reconversion et une mise au vert. Mais sont-ils vraiment sérieux et cela peut-il vraiment fonctionner pour eux ?

Reconversion, une tendance de fond ?

Si les américains l’appellent Bullshit Job, en France on parle souvent « d’emploi à la con » (selon l’écrivain américain David Graeber) pour qualifier un poste peu épanouissant. Vous l’aurez sans doute compris, ceux qui en parlent en ces termes sont souvent prêts à sauter le pas et à tout quitter pour un nouveau poste ou une totale reconversion. Mais cette tendance n’est pas uniquement liée au Covid et au confinement. En réalité, elle avait déjà pris ses quartiers chez une minorité de salariés (souvent des actifs de 18 à 24 ans) qui ne vibraient plus à l’évocation de leur carrière. Ne trouvant plus d’utilité à leur travail, ils sont alors tentés de tout plaquer pour se consacrer à une activité plus concrète et tournée vers le bien commun.

Autant vous dire qu’avec une pincée de covid et une cuillère de confinement par-dessus, on a là tous les ingrédients nécessaires à la croissance fulgurante d’un nouveau phénomène de société, celui de la reconversion.

Travailler pour être heureux

Cette pause forcée avec au choix télétravail ou chômage partiel a également permis à de nombreux actifs de réfléchir aux choix qu’ils ont faits ces dernières années, à leur vision du travail et de la vie en général etc. Et le résultat est sans appel : la grande majorité d’entre eux tend vers un équilibre parfait entre vie privée et vie professionnelle, vers plus d’épanouissement au travail, vers plus d’engagement en faveur de l’écologie et toujours plus de curiosité vers les métiers artisanaux ou en rapport avec la terre. Il n’est donc pas étonnant de voir les reconversions fleurirent parmi les salariés, certains se lançant même dans une toute nouvelle philosophie de vie (autosuffisance, troc, boycott de la consommation etc.). La tendance n’est donc plus le sacro-saint « travailler c’est la santé » mais plutôt « je ne veux plus perdre ma vie à la gagner ».

Mieux vaut cependant être prudent sur ces nouvelles vocations. Car encore fragilisé, le monde du travail ne permettra pas à chacun de trouver sa « nouvelle » voie et à tous les salariés de se lancer en tant qu’artisans, apiculteur ou agriculteur bio. Mieux vaut donc prendre le temps de poursuivre encore quelques semaines ou quelques mois cette introspection avant de tout plaquer et de s’installer en pleine campagne.

Partir pour mieux s’épanouir

Pour certains, le départ de l’entreprise déjà envisagé avant la crise du coronavirus est alors devenu une nécessité. Proche du burn out, sur le point de fonder une famille ou simplement perdu face à la valeur de leur travail et/ou aux engagements de leur entreprise, ils ne peuvent supporter davantage la place que prend actuellement le travail dans leur vie. Seul un départ peut alors leur permettre de reprendre goût à leur métier et à leur vie professionnelle.

C’est souvent le besoin de ralentir qui guide leur cheminement intellectuel et leur réflexion autour du travail. Récupérer du temps pour eux, moins consommer, moins « courir » et plus profiter… autant de raisons qui les poussent à tout quitter, aussi bien leur poste que leur lieu de vie.

Quelques semaines à peine après cette crise mondiale sans précédent, il est sans doute trop tôt pour en tirer des vérités. Mais la tendance de la reconversion semble nettement se confirmer. Travailler « mieux » pour en profiter, récupérer du temps pour soi et pour ses proches, se reconnecter à la nature etc. sont autant de leitmotiv des salariés. Affaire à suivre…